Ed & Hardy

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Titre pourri, mes copains journalistes ne diront pas le contraire, mais c’est tout ce que j’ai trouvé… Et puis ces deux mots représentent parfaitement ma vie du moment.

Ed, comme le nom de mon patron, et Hardy, comme la marque de ma canne à mouche que mon Papounet d’amour m’a gracieusement offert avant mon départ.

 

Parlons tout d’abord du boulot. Je vis en ce moment dans la petite ville de Blenheim, au nord de l’île du sud. La région de Nelson-Malborough est la plus ensoleillée du pays et c’est donc logiquement ici que la majorité du vin néozélandais est produit. Les vignes s’étendent à perte de vue dans la grande vallée de la Wairau river, entourée de ‘’montagnes’’ qui culminent à quelques centaines de mètres au dessus du niveau de la mer, toute proche. 

J’ai attaqué il y a plus de deux semaines un job dans un verger de cerisiers. Je dois avouer que j’ai eu beaucoup de chance sur ce coup là. La cinquantaine de backpackers avec qui je vis actuellement au Koanui Lodge ont un boulot mais la plupart ont des conditions de travail pas toujours très avantageuses, notamment dans les vignobles.

Nous, on a pas trop à se plaindre. Je passe mes journées avec un jeune Estonien nommé Kerrit (je m’excuse par avance si l’orthographe n’est pas exact, je fais de gros progrès en Estonien mais j’ai encore quelques lacunes à l’écrit…)

On a donc rejoint Ed et Judda, sa femme, quelques semaines avant que la récolte commence.

Ed a une soixantaine d’années et ce n’est pas vraiment un patron comme les autres. Le Kiwi par excellence : il déteste quand les « Blacks » perdent, il est chauvin, surtout vis-à-vis de ses voisins Australiens et ses compatriotes de l’île du nord. Je cite : « North Islanders are not Kiwis, they are kind of Australians ». Mais il est avant tout un (très) bon vivant ! En bon Néozélandais, son hobbie favori consiste à parcourir les îlots des fjords aux alentours accompagné de ses chiens pour chasser le sanglier au couteau ! Et oui, ici c’est un peu le sport national après le rugby !

Bref, je suis vraiment tombé sur un sacré personnage.

 

Ed et Ben faisant semblant de bosser.

 

Le courant est tout de suite bien passé entre nous et j’ai l’impression de travailler avec un vieux copain que je connais depuis des années. Une de ses grand-mères était Française, je suis donc son « French brother » comme il dit.

Il est  tout le temps au 3ème degré et c’est pas pour me déplaire. On passe nos journées à se charrier tout en bossant. Son sujet favori est bien sûr le rugby et j’avoue que je ne peux pas vraiment rétorquer vu les résultats actuels de notre équipe nationale… Le reste est un mix de clichés sur les Français (le vin, le fromage et l’intérêt des « frogs » pour les jolies demoiselles). Vous me connaissez, j’essaie de rétorquer autant que possible avec mon niveau d’anglais restreint (le plus dur est surement de le comprendre car il a une fâcheuse tendance à débiter sans s’arrêter, en mangeant les mots comme bon lui semble). Vous l’aurez compris, on passe des sacrés moments de rigolade ! D’autant plus qu’il adore la nature et qu’il connaît un bon nombre de sacrés coins de pêche. Je viens d’apprendre qu’il possède un bateau. Je suis donc évidemment en pleines négociations pour un petit guidage privé dans les fjords !

 

Au niveau du boulot en lui même, c’est vraiment sympa. On a commencé la récolte des cerises en début de semaine. On est sur une très mauvaise année, il a beaucoup plu lors de la période de pollinisation et les fruits sont bien moins nombreux que d’habitude. Ed n’a jamais vu ça en trente années passées ici…  Mais il y a quand même de quoi faire.

Ramasser des cerises est bien plus physique que ce que je pensais puisqu’on passe nos journées à bouger, monter et descendre des échelles, quand on ne fait pas les chimpanzés sur les branches pour récolter avec précautions les petites billes rouges. Trois variétés différentes sont présentes dans le verger et plus on ramasse, plus on gagne ! Il y a donc une petite compétition entre nous pour savoir qui ramasse le plus et pour le moment, je suis pas trop mauvais à ce petit jeu.

 

Kerrit et Finn sont des sérieux concurrents au concours du meilleur cueilleur.

 

Avant d’attaquer ce ‘’cherry picking’’, ça a été paysagisme intensif, pas très différent de ce que j’ai fait avant de partir. Le job consistait simplement à couper de grosses touffes d’herbe de bison au taille-haie, avant de tout charger dans les remorques de nos deux « Gators » avant d’aller vider tout ça quelques centaines de mètres plus loin.

 

''Gardenning'' sur le site du Westwood Business Park, dont Ed est aussi le manager. Kerrit est ici à l'oeuvre, quelques minutes avant de s'entailler la cuisse au taille-haie. Mais rien de bien grave, quelques points de sutures et c'est reparti de plus belle !

 

Parlons maintenant du sujet le plus important, la pêche !

Je finis le boulot à 15h, donc autant vous dire que je vais embêter nos amis les poissonnets à peu près tous les jours. Et dans la région, le plus dur est probablement de choisir dans quel coin aller taquiner. La rivière la plus proche est à environ 150 mètres du lodge et la mer à seulement quelques kilomètres. Mes copines les truites ne sont pas si faciles à attraper, mais les rivières en sont blindées ! La pêche se fait uniquement à vue, c’est à dire qu’on voit le poisson avant de lui proposer une mouche (sans se faire voir), le grand luxe !

 

Spring Creek River, à moins de 10 minutes de voiture de Blenheim. Les truites y sont nombreuses mais pas faciles à attraper...

 

Une belle ''Brown Trout'' bien grasse de la Taylor river, en compagnie de Godefroy (le Hardy).

 

Le plus impressionnant est probablement la taille moyenne de ces poissons. 50cm est un poisson « classique »  dans le coin, autant vous dire de la folie, je me régale.

Je découvre aussi la pêche en mer. Pour ça, il y a un coin exceptionnel à moins de 10 minutes de voiture. A l’endroit où la rivière Wairau se jette dans l’océan. Outre les paysages incroyables et les plages désertes à perte de vue, les poissons sont partout. Je pêche donc les Kahawai aux leurres.

 

La taille moyenne du moment mais il y a beaucoup plus gros. Il y a deux jours on est tombé sur un banc de Kahawai qui faisaient tous autour des 4kg mais je n'avais malheureusement pas mon appareil avec moi...

 

On ne trouve pas ce « saumon australien » chez nous et c’est bien dommage. Il remonte dans la rivière sur quelques dizaines de mètres à chaque marée haute pour venir piocher dans les bancs gigantesques de petits poissons fourrage. La pêche consiste simplement à lancer dans l’estuaire de la rivière, qui ne fait qu’une quinzaine de mètres de large, avant de ramener le plus vite possible. Quand les bancs de Kahawai sont dans le coin, c’est de la folie furieuse. Il n’est pas rare de faire quatre ou cinq touches par lancer. S’en suit des combats de fous avec des poissons qui vendent chère leur peau en bondissant dans tous les sens. On ramène alors facilement une quarantaine de copinous en à peine une heure de pêche. Dans ce genre de moments, vous imaginez bien que je suis un peu comme un gamin de huit ans un matin de 25 décembre, criant et sautant dans tous les sens, grand sourire aux lèvres. Pas une pêche très compliquée mais parfait pour se défouler après le boulot !

 

Ya pire comme coin de pêche, non ?

 

Sinon, la région regorge de superbes rivières à truites à moins d’une heure de route. Je passe donc mes week-ends perdus dans la nature à explorer autant que je peux et à défier mes chères trouites. J’ai beaucoup de peine à faire mon choix entre prendre des photos de ces paysages incroyables ou pêcher dans ces rivières tout aussi magnifiques.

 

Pelorus River, tout simplement !

 

Le seul point négatif vient des bestioles nommées sandflies. Elle ressemblent à de petits moucherons de rien du tout et vivent évidemment au bord des rivières. Suivant les coins, il n’est pas rare d’en avoir plus d’une centaine qui tournent autour de vous, à la recherche du moindre centimètre carré de peau à découvert. Les piqures sont semblables à celles des moustiques mais presque invisibles. Le problème vient surtout des démangeaisons qui durent deux à trois jours… C’est donc manches longues et Buff obligatoires. Seules mes mains sont à l’air libre mais je vais m’empresser d’acheter des gants de pêche spécialement faits pour contrer ces satanés insectes. Je suis pas trop fan de pêcher avec les mains couvertes mais je crois que je vais pas trop avoir le choix, tant ces mouches des sables sont désagréables… 

 

Sandflies paradise. Oui, il y avait bien une grosse mémère dans ce trou là, mais j'ai pas été assez bon pour la mettre au sec le temps d'une ou deux photos... (CP: Finn)

 

 

Cela fait maintenant plus d’un mois que je suis ici et j’ai réalisé un de mes rêves le week-end dernier : attraper une truite géante à la mouche. C’est une des principales raisons pour lesquelles je suis venu ici et je ne pensais pas y arriver aussi rapidement. Je l’ai dénichée dans la magnifique Leather River, perdue au milieu de la nature au bout d’une piste en gravier d’une quinzaine de kilomètres. Maintenant, plus qu’à défier la méfiance des ses congénères du même gabarit et si possible sur une mouche sèche !

 

Voilà la bête, un vieux mâle de plus de 67cm de long.

 

J’ai aussi trouvé un « fishing buddy » pour partager cette passion des sandflies. On s’est rencontré par hasard au bord d’une rivière. Il répond au nom de Finn. On s’entend vachement bien mais je ne comprends pas trop pourquoi…

Il vient d’un pays qui s’appelle Canada, d’une province nommée British Columbia et d’une ville baptisée Vancouver. Il aime beaucoup trop la pêche à la mouche (peut être bien autant que moi), il adore la nature et les photos et il est guide de kayak en mer sur l’île de Vancouver. Je crois qu’on s’est vraiment bien trouvés. On passe donc notre temps ensemble au bord des rivières, dans la nature et maintenant au boulot puisque je me suis arrangé pour qu’il rejoigne la team du Westwood Orchard.

Il a un bon niveau à la mouche mais il est un peu trop habitué aux techniques de « bourrins » de son pays, où les poissons sont présents en nombre et faciles à attraper. Il doit donc s’adapter en étant plus fin, autant dans sa pratique que dans son approche. C’est pas évident pour lui mais j’essaie de lui filer un coup de main car la pêche à la truite au pays du long nuage blanc ressemble beaucoup à ce qu’on a par chez nous.

 

Moment de repos du guerrier canadien dans le Backcountry (on le voit bien hein !)

 

Les poissons sont vraiment nombreux et j’ai cédé sous la pression des Japonais et de Ed pour en garder quelques-uns… Sashimis, sushis et poisson cru cuisinés par les premiers et Kahawai fumés par le second. Je dois avouer que je commence à vraiment aimer ça, mais ce n’est pas pour autant que je vais devenir un serial killer, rassurez vous.

 

Kahawai avant...

 

... Kahawai après. Version fish and chips homemade by the crazy Canadian.

 

Entre le boulot et la pêche, l’ambiance est très sympa au Koanui Lodge, on a vraiment une bonne team. Japonais, Allemands, Anglais, Américains, Suédoises, Danois , Koréns, Canadiens et autres sont vraiment au top. Chacun cuisine et partage volontiers. Je devrais d'ailleurs me calmer un peu sur la nourriture parce que j’ai vraiment l’impression de passer mon temps à manger...

 

On se retrouve tous les soirs autour d’une bière ou d’un verre de vin local dans notre salon commun, accompagnés de live music jouée par les quelques musiciens présents. Vraiment pas déplaisant comme vie.

 

Une partie de l'équipe avec : Yudai, Kiku, Akiko, Finn, Lotta, Jeremy et un mec que je connais pas... Japon, Canada, Suède, Finlande et France étaient donc représentés ce soir là au traditionnel happy-hour du vendredi soir !

 

Sur ce, je vous laisse, j'ai rendez-vous avec une grosse truite récalcitrante et ça m'embêterait d'être en retard...

Je vous glisse quelques photos de rivières, de poissons et encore de rivières.

A bientôt la compagnie !

 

Nico

 

Le rêve (CP: Finn la malice)

 

Sexy Rainbow

 

Oui, il a quand même des poissons plus modestes... (CP: Finn of the fish)
Perdu au milieu de nulle part.

 

Camping gratuit du vendredi soir.

 

Camping gratuit du samedi soir. J'ai essayé de me garer plus près de la rivière mais j'y suis pas arrivé...

 

Camping grat... Ahh non, celui-ci était payant ! (Faut bien prendre une douche de temps en temps..) On ne la voit pas, mais rassurez-vous, la rivière est juste derrière les buissons.
Un peu boueux pour voir les poissons correctement, on a été obligé de changer de spot...
Espèce endémique Néozélandaise (et belle coupe à ras...)
Le plus grand pêcheur de la côte.
Je me lasse pas de ces poissons, surtout quand c'est à 30 secondes de la maison !
Il faut de bons yeux mais oui, c'est bien l'île du nord qu'on aperçoit en face.
Le monstre sous un autre angle.
Petit lac de barrage sympatoch' pour l'apéro du samedi soir.
Et au milieu coule une rivière...
NZ Backcountry
Not too bad
Rai River, blindée de poissons énormes mais très méfiants !

 

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B
Super blog nico ! Content de voir que tu te fais bien plaisir chez les kiwis !!! la bise....Benjam
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N
Merci pour ton message mon petit Ben ! <br /> Ouais c'est le feu par là. Je suis sûr que ce pays et ce style de vie te correspondraient vraiment =) <br /> J'espère que tout se passe bien pour toi et que tu kiffes ce bel hiver chez nous !<br /> <br /> Bises mon beau
M
super ! je partage un peu de ta vie de baroudeur par la médiathèque j'ai accès a ton blog.<br /> je t'embrasse très fort Nico
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